Doctorante : Bibiana JARA VERGARA
Directeurs de thèse : Silvio Pantoja (COPAS- UDEC) et Camila Fernandez (LOMIC, SU).
Co-encadrante de thèse : Laurence Méjanelle (LECOB, SU)
Cotuelle Sorbonne Université et Université de Concepcion (Chili)
L'agriculture a produit 1,64 millions de tonnes de saumons et de truites en 2006, dont 39% en Norvège et 38% au Chili. L'élevage du saumon en cage est connu depuis longtemps pour entrainer une augmentation locale du stockage du carbone et des nutriments tout en produisant une baisse de l'O2 présent dans les sédiments, ainsi que d'autres conséquences négatives locales sur la biodiversité et les propriétés physico-chimiques du fond marin. L'utilisation excessive et illimitée d'antibiotiques et de pesticides est également un problème général en aquaculture. Notre compréhension de la présence de composés toxiques issus de l'aquaculture se limite à quelques rapports sur les pyréthoïdes dans l'eau de mer et sur le florfénicol et l'oxytétracycline (OTC) dans les sédiments. L'objectif de la présente thèse de doctorat est d'étudier la présence et la persistance des antibiotiques et pesticides aquacoles, actuellement utilisés dans les fermes salmonicoles au Chili, et d'évaluer leur impact sur les processus clés du cycle du carbone marin.
Une première tâche est d’étudier la répartition des antibiotiques et des pesticides ciblés dans l'eau de mer, les particules en suspension et les sédiments prélevés dans le fjord de Puyuhuapi. Les coefficients de partage des antibiotiques et des pyréthrinoïdes suggèrent que cette répartition devrait se produire principalement dans les phases particulaires à l'exception de l'azaméthiphos qui devrait être trouvé principalement dans la phase dissoute. Les concentrations d'antibiotiques florfénicol et flumequine et de pesticides cyperméthrine et deltaméthrine seront déterminées dans les particules et sédiments de surface collectés lors des croisières dans le canal Puyuhuapi en août 2016 et mars 2017.
Une autre tâche de la présente thèse consistera à tester si les polluants sont transférés aux mollusques et aux ressources halieutiques non ciblés. Afin de répondre à cette question, des organismes benthiques (éponges, bivalves, poissons) ont été prélevés dans le canal de Puyuhuapi, dans le cadre de collaborations avec le Dr Giovanni Daneri (CIEP), le Dr Federico Betti et le Dr Marco Bertolino (Université de Pise) et le Dr Rodrigo González (UDEC).
La dernière tâche du présent travail est de comprendre les changements de minéralisation du carbone induits par une exposition continue aux antibiotiques et aux pesticides. Étant donné que l'aquaculture est une source de carbone organique supplémentaire pour l'écosystème, la diminution de la minéralisation peut conduire à une accumulation encore plus grande de carbone organique. Afin de tester cette hypothèse, les sédiments et l'eau de mer de la baie de Banyuls seront exposés aux polluants utilisés en aquaculture et l'impact sur la minéralisation et la communauté microbienne sera étudiée.